En Suisse, la chiropratique est légalisée en tant que profession médicale universitaire depuis 1964, suite à une votation populaire.

Bien que de nos jours, les « ajustements » chiropratiques (terme identitaire désignant les manipulations vertébrales) soient encore au coeur du traitement des chiropraticiens, la profession a su évoluer avec la recherche scientifique et a ainsi étendu ses expertises thérapeutiques (thérapies myofasciales, éducation du patient par les neurosciences de la douleur, rééducation fonctionnelle, modalités physiothérapeutiques, etc.).

A ses origines, les ajustements sont à la base même de la profession chiropratique. En effet, c’est en 1895 aux USA, que Daniel D. Palmer traite de façon miraculeuse la perte d’ouïe d’un patient suite à une manipulation vertébrale. Cet épicier de profession, passionné par la science et la santé, développe ainsi un véritable succès, en particulier dans le soin des douleurs de dos, qui est à l’origine d’une ascension internationale de ce qu’il dénommait chiropratique, venant du grec « kheir » et « praktos » : la pratique de la main.

Les manipulations vertébrales ne datent pourtant pas d’un siècle. Elles semblent déjà faire leur apparition dans la médecine chinoise lors du dernier millénaire. On en retrouve également des traces dans la Grèce Antique, où elle aurait été utilisée par Hippocrate, le père de la médecine occidentale.

Selon Palmer, les ajustements permettent de corriger des micro-déplacements vertébraux, qu’il qualifie de « subluxation », qui compriment les nerfs et empêchent le bon fonctionnement du système naturel d’auto-guérison du corps via le système nerveux. Les subluxations, comme conçues par Palmer, seraient la conséquence des stress émotionnels, chimiques et physiques accumulés au quotidien.

L’évolution récente de la science à donné tort à certaines hypothèses de Palmer, mais a également en partie donné raison à certaines autres.

En effet, les manipulations semblent n’avoir d’intérêt que dans le cadre des douleurs d’origine neuro-musculo-squelettiques. Elles stimulent effectivement mécaniquement le système nerveux, d’une manière spécifique, et créent une réaction neurologique en chaîne avec pour possibles conséquences :

• Un relâchement transitoire de la spasticité musculaire locale
• Une légère amélioration de la mobilité articulaire
• Un mécanisme anti-douleur réflexif et physiologique
• Un phénomène régulateur de la réaction inflammatoire locale
• Un effet placebo diminuant les risques de kinésiophobie (la peur du mouvement), de sensibilisation centrale et de perception erronée de la douleur.

Ces effets, qui ne sont pas encore complètement connus, se révèlent salutaires, à court et moyen terme, dans le rétablissement des douleurs dites « mécaniques », en particulier provenant de la colonne vertébrale. Elles sont de bonnes aides, dans le cadre d’une prise en charge pluridisciplinaire des douleurs de dos chroniques. Elles se révèlent également bénéfiques en prévention chez de nombreux patients souffrant de douleurs de dos récurrentes.

Il est intéressant de noter aussi que la grande majorité (plus de 90%) des douleurs du dos (non traumatiques) ont des causes multi-factorielles que l’on nomme les stress bio-psycho-sociaux. Ceci faisant bien sûr écho à la triade des causes de subluxations de Palmer. Ainsi, on sait désormais que le manque d’activité physique récréative, l’excès d’activité physique professionnelle ou sportive, le manque de sommeil, la consommation de nicotine, le surpoids, la génétique, les troubles psychologiques (dépression, anxiété, burn-out, etc.) les commorbidités, et les relativement mauvaises conditions socio-culturelles sont parmi les principaux facteurs à l’origine des douleurs de dos.

On constate également des défauts d’activation fonctionnelle des différentes chaînes musculaires chez les patients lombalgiques. Il est possible qu’ils soient la manifestation douloureuse des ces différents facteurs pré-cités. Des études sont en cours pour déterminer l’impact des manipulations chiropratiques sur ces dysfonctions, qui peuvent également faire écho au concept de subluxation de Palmer.